De classe en classe
Comme amorce d’un projet plus large, j’ai entrepris de dessiner des archétypes d’alphabets romains de l’Humane à la Linéale, afin de détacher la représentation de chaque famille, des fontes qu’on montre en général comme exemples mais dont les différences formelles sont parfois telles qu’elles me semblent brouiller la distinction des éléments du style typographique. J’ai donc dessiné ces archétypes à partir d’une structure unifiée que j’ai fait évoluer selon les paramètres typiques de chaque style. Pour l’instant, je me suis concentré sur ces familles dont l’évolution est claire, mais il faudra aussi que j’aborde le reste, tout en affinant ce premier jet. Le visuel qui suit est le début d’un travail de visualisation qui devrait intégrer la chronologie et les migrations géographiques des styles (romains uniquement) à travers les cinq siècles fondateurs de la typographie contemporaine.
Sans plus d’annotations pour l’instant, juste le dessin, et un blabla indigeste après:
Les classifications typographiques constituent un sujet vaste par les différentes approches possibles, tout en étant un registre diablement étriqué, une sorte de petite chasse gardée. L’objet d’étude est à la fois simple – des lettres aux structures hyper-contraintes par l’impératif des habitudes en terme de lisibilité –, et à l’image des fractales, infini par l’univers de détails qui se révèle lorsqu’on observe avec attention.
Il existe plusieurs classifications mais celle qui revient le plus souvent dans l’enseignement et l’usage, est celle élaborée par Maximilien Vox: la classification Vox-AtypI. Elle est bien la plus pratique à employer mais reste à mes yeux un joyeux bordel. Elle détaille certains morceaux de l’histoire typographique et en simplifie d’autres à outrance, produisant une taxonomie que je trouve un peu irrégulière.
Je prends la question de l’enseignement des styles à cœur parce que ma première rencontre avec la classification Vox-AtypI aurait franchement pu me dégoûter et me retenir de m’intéresser à la typo.; heureusement que je suis borné. J’ai reçu cet enseignement sous la forme d’une photocopie montrant un schéma aux airs de carte astrologique avec une série de noms qui auraient tout aussi bien pu être des maladies exotiques, agencées selon un ordre insondable. Puis quelques explications laconiques terminées par: «apprenez, retenez». Aujourd’hui, je suppose que les professeurs n’avaient ni l’envie, ni le savoir suffisant pour approfondir le sujet, donc en un sens, il n’y a rien à reprocher, eux-mêmes n’ont sans doute rien reçu de plus…
Ce n’est que plus tard, quand je me suis intéressé par moi-même à ces questions, que j’ai découvert l’ordre qui régissait tout ça. Ces styles ont tous un sens, une place logique & cohérente dans l’histoire. Lorsque l’histoire est clairement racontée, la classification devient plus lisible dans son ensemble.
C’est pourquoi je fais mijoter l’idée de travailler à une organisation & une présentation revues de la classification typographique, ainsi qu’à quelques outils pratiques pour que l’enseignement de la typographie ne soit plus perçu par certains corps enseignants et étudiants comme un moment difficile à passer. C’était déjà l’objet de mon projet de diplôme il y a quelques années, mais je n’avais pas la maturité nécessaire pour une telle entreprise et même aujourd’hui, ce sera une œuvre sportive, mais j’ai enfin le courage de m’y atteler sérieusement; sans doute en collaboration. Je suis particulièrement intéressé par le potentiel pédagogique d’un outil tel que Prototyp-0, développé par Yannick Mathey, pour la simple raison que je réfléchissais à une classification fonctionnant sur la base de paramètres formels & quantifiables, au moment où il a publié les premières images de son application. Ça ne pouvait pas mieux tomber, j’aime qu’on me coupe l’herbe sous le pied comme ça. J’admettrai avec un peu de masochisme que j’ai aussi l’envie d’incorporer des éléments de la théorie de l’écriture de Gerrit Noordzij à tout ça – tout un programme.
septembre 28th, 2011 at %H:%M
Je suppose que tu connais…
http://www.moderntypography.com/Typedesign/Marian/index.html
septembre 28th, 2011 at %H:%M
Ouais, il y a un étranger qui est venu en parler à Lurs, doublé par un autochtone discret !
Blague à part, j’aurais jamais l’ardeur folle de me taper le même boulot que Paul Barnes (et à quoi bon), puis dans mon délire, ne montrer qu’un squelette risque de pas être très explicite, mais quand même, c’est beau…
octobre 1st, 2011 at %H:%M
J’ai un peu honte en lisant ces quelques lignes de ne t’avoir toujours rien envoyé… mais ça va venir !
octobre 1st, 2011 at %H:%M
Ça n’avance pas vite chez moi donc aucune inquiétude. : )